on en parle
Comme l’indique bien la charte rédigée en mars 2010 en collaboration avec Sytcom, l’agence métropolitaine des déchets ménagers (non signée à ce jour), Nuage Vert se veut être une œuvre d’art à échelle urbaine ou encore une proposition artistique fondée sur une réalité urbaine et sociétale (le traitement des déchets). Le projet et les actions qui en découlent ne se substituent pas aux actions publiques « mais représentent une approche supplémentaire, locale et ponctuelle, permettant de mettre en valeur les messages de réduction des déchets, d’incitation au tri et au recyclage ». Il ne vise pas non plus à mettre en cause les modes de traitements existants ni les cadres réglementaires et « ne saurait servir d’instrument de contestation des politiques publiques de gestion des déchets ménagers ». ll est conçu en concertation avec les parties prenantes de la gestion des déchets, dans le respect des obligations légales. Malgré ces garanties, le projet n’a pu voir le jour à Saint-Ouen. Il est vrai que le duo HeHe n’a pas manqué de pointer comment la promotion publicitaire d’un écoquartier escamote la proximité d’un incinérateur.
Nuage Vert est une installation environnementale créée par les plasticiens du duo HeHe, issus de formations en design, scénographie et ingénierie. Expérimentée à Helsinki (en 2008) et à Ivry-sur-Seine (en 2010), elle met en lumière la fumée rejetée par les centrales électriques ou incinérateurs de déchets. Avec une caméra thermique reliée à un laser, la projection utilise la fumée comme support et révèle la relation de chacun avec le nuage. Au-delà de son efficacité visuelle, le Nuage Vert est ainsi un moyen de susciter chez les habitants et les acteurs urbains une prise de conscience de la problématique et d’engager un débat public, mais aussi des actions concrètes. À Helsinki, lorsque les résidents consomment moins d’énergie, le nuage vert s’agrandit et devient plus spectaculaire encore.
Les deux artistes designers Helen Evans (Royaume-Uni) et Heiko Hansen (Allemagne), alias HeHe font évoluer leurs travaux entre le design industriel, l’ingénierie et l’engagement écologique afin de sensibiliser les populations aux problèmes de pollution atmosphérique. Parmi d’autres de leurs références, entre transport, lumière et pollution, citons : 2012, « Métronome » : une étape du projet « Train project » : des véhicules autonomes et temporaires sont mis à disposition sur les voies de chemin de fer de la Petite Ceinture de Paris. 2007, « Champ d’Ozone » : l’illumination d’une fenêtre du Centre Pompidou qui rend visible le niveau de pollution dans le quartier. 2005, « Smoking Lamp » : un capteur de fumée crépite en réponse à la fumée de cigarette qu’elle reçoit.