on en parle
Pixel[13] mobilise le sensible et l’imaginaire au-delà du “détour” ou de l’expérience augmentée d’un territoire, il invite à un tourisme du quotidien et à un changement de regard chez chacun. Que ce soit par des dispositifs nomades, des cartographies alternatives, des créations sonores, des marches radiophoniques (comme celle coproduite à l’invite de Komplex Kapharnaum entre l’aéroport Saint-Exupéry et la Gare Part-Dieu à Lyon), Pixel[13] cherche l’autonomisation du public dans l’expérience sensible. L’approche artistique et culturelle défendue par l’association sert à outiller imaginaires et désirs pour influer sur la fabrique de la ville. Ainsi, le collectif défend la posture et les méthodes de l’architecte, sans rien construire en dur.
[Une initiative rédigée par Arnaud Idelon]
En creux de la tradition des arts de la rue, Pixel[13] fait un temps figure d’ovni des arts en espace public avec une approche résolument architecturale et participative de l’espace urbain, mais également la volonté renouvelée à chaque projet d’investir l’espace public comme levier de sensibilisation au cadre de vie par l’imaginaire et le sensible, d’outiller habitants et usagers pour devenir acteurs de leur monde.
Pixel[13] est fondé en 1998 à Clermont-Ferrand par des étudiants en architecture et des beaux-arts pour expérimenter des formes de création et de monstration d’œuvres visuelles loin des centres d’art et des galeries. Ils revendiquent l’espace public comme point de chute et terrain de jeu, avec de nombreux prototypes associant image, art sonore et installations. Se déployant à Marseille, le développement de sa pratique coïncide avec l’essor de la Cité des Arts de la Rue et de la friche Belle de Mai, dont la jeune association devient résidente, accédant du même coup à un lieu de travail et un vibrant territoire d’expérimentation.
Aujourd’hui, la sensibilisation des jeunes publics occupe une place importante dans les modes d’action du collectif. En 2009, Pixel[13] se réinstalle à proximité de Clermont-Ferrand pour augmenter son champ d’action et d’expérimentation en milieu rural.
Avec le projet “Autoroute 75, en route vers l’inconnu…”, l’association appréhende l’échelle du territoire étendu le long du tracé de l’autoroute A75 reliant Clermont-Ferrand à Clermont l’Hérault au travers d’un dispositif de création audio géolocalisée via une application dédiée. Sur la tonalité du GPS, une voix robot fait part de ses états d’âmes et souvenirs en écho au paysage qui déroule par la vitre. En parallèle, une émission géolocalisée transmet des informations, récits et anecdotes sur les territoires traversés, invitant à des pas de côtés : ici une sortie sur une route seconde, là une pause sur une aire de repos. La narration invente une relation nouvelle aux mobilités et à notre dépendance à la technologie et redonne corps aux territoires vécus par un travail d’immersion sur le terrain, de co-construction et d’expérimentation de contenus avec les habitants et usagers des lieux traversés. Ou de l’usage de l’esthétique relationnelle pour des écritures plus justes.