on en parle
Depuis sa création, le collectif et son lieu entretiennent avec la ville une relation tissée de négociations et de compromis, dont les contours successifs ont permis aux Ateliers du Vent d’avancer sur une crête de légalité. La mise aux normes des espaces comme l’aménagement de l’environnement alentour ont été autant de chantiers de discussions sur lesquels les deux parties se sont accordées, avec comme ligne d’arbitrage les bénéfices ou nuisances potentielles apportées aux habitants du quartier. À titre d’exemple, on peut citer l’installation par le collectif de containers sur une place attenante dont les habitants se sont saisis, ou encore la construction d’une place piétonne et d’échoppes pour artistes, en lieu et place d’une voie de circulation routière. Cette dynamique entre gestionnaires de lieu, collectivité et habitants génère un mode de fabrique de la ville dans lequel l’œil expert et technique compose, si ce n’est se soumet, aux usages programmés et spontanés qui ont lieu de manière effective dans un espace. Par son installation au sein du quartier, le collectif a contribué à la dynamisation de sa vie artistique et culturelle et plus largement à celle de son paysage urbain.
Montés par un collectif d’artistes en 1996, les Ateliers du Vent ont vécu une existence nomade avant de s’installer dans les anciennes usines de moutarde Amora au terme de leur réhabilitation en 2016. L’ambition du lieu est de permettre à des artistes de créer et de se rencontrer, et de faciliter simultanément l’accès à l’art et à la culture à des publics qui en sont traditionnellement éloignés. Le lieu fédère aujourd’hui une quarantaine d’artistes. L’Usine des Ateliers du vent regroupe différents espaces : une vingtaine d’ateliers sont destinés à des artistes pour des occupations longues (conventions de trois ans renouvelables, avec apport de matériel et accompagnement technique), d’autres font l’objet de mises à disposition pour des temps de création (écriture, répétitions, construction) mais aussi des séminaires, conférences de presse, formations, tournages.
Le principe d’autogestion collective des ressources, comme la posture de l’équipe de coordination fondée sur la disponibilité et la discrétion, contribuent à impulser sans les décréter des rencontres artistiques et favorisent des créations collectives. Les événements générés ou hébergés dans le lieu, ainsi qu’une buvette ouverte à tous, favorisent un dialogue entre les habitants de la métropole et les artistes. Cet ancrage local confère aux ateliers du vent un droit de parole et un pouvoir d’influence sur les choix d’aménagement du quartier, contribuant ainsi à redessiner le territoire rennais.
Située au rez-de-chaussée, la buvette s’affirme comme un des espaces phares du lieu et incarne la philosophie du collectif. Ouverte à tous, les midis en semaine ainsi que les jeudis soirs, elle offre un espace privilégié aux interactions avec les habitants du quartier et de la métropole, venus se restaurer ou apprécier les temps publics. La programmation des événements est co-construite à l’initiative de l’équipe de restauration (salariés et bénévoles), avec les visiteurs désirant se saisir de cet espace comme un terrain d’expression et de discussions. Que ce soit par son aménagement, son mode de gestion ou encore la conception d’une programmation artistique pluridisciplinaire, la buvette défend la volonté du collectif de valoriser des modes de contribution citoyens, de permettre à ses membres d’accéder à des sources de revenus et de susciter la rencontre entre artistes et citoyens.