© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
© La Déviation
Pourquoi
on en parle

Pour se réaliser, le collectif « En devenir » s’est associé au Clip (qui met en réseau d’autre lieux collectifs en s’inspirant des MiethäuserSyndikat) pour créer l’association Parpaings Libres et acquérir le lieu en 2019. L’association a lancé une campagne de financement indépendante des banques, combinant les dons, les apports (récupérables sous 10 ans), les micro-prêts (sans intérêt, récupérables sous 2 ans) et les prêts (avec un intérêt fixe faible). Ce principe permet d’impliquer, au delà des résidents, les proches, le voisinage et les sympathisants du territoire au devenir du projet. Cette dissociation de la propriété associative et de la présence de résidents qui peuvent se succéder, permet à La Déviation de faire perdurer un lieu tourné vers son territoire, un support à des pratiques artistiques et culturelles en constante évolution. Un maillage se construit de plus en plus fortement avec les autres acteurs du territoire : après quelques représentations théâtrales à prix libres, un marché de produits locaux s’est développé sur le lieu et profite au quartier. Les événements organisés sont ouverts à tous, des partenariats se créent avec les exploitants agricoles alentour ou l’association de chasse. Plus largement, un projet d’arpentage du Val de Riaux, dans une approche artistique permet de mettre en lien le projet culturel du lieu avec une lecture et une approche sensible du territoire, en association avec d’autres structures culturelles locales (Pic Télémaque et Thalassanté).

Text
Le projet

[Une initiative rédigée en collaboration avec Charly Fortis, étudiant du Diplôme Universitaire Espaces communs (Yes We Camp en partenariat avec Ancoats, CoDesign-It et l’Université Paris Est, Marne-la-Vallée)]

Située dans une ancienne cimenterie et sa carrière, La Déviation surplombe l’Estaque et le Val de Riaux. Une quinzaine de membres actifs, emprunts d’une utopie d’émancipation artistique, occupent 1220m2 de bâti existants (une halle et des annexes) et 1500m2 de parcelles (carrière et falaise) appartenant à l’association Parpaings Libres. Le projet a pour vocation de soutenir des recherches artistiques (arts vivants, musiques et arts plastiques), d’accueillir des résidences artistiques, mais aussi de loger ses résidants et d’offrir un lieu ouvert (événements, marché, …) tout en participant à la vie sociale et culturelle du quartier. Bien que lié au 16ème arrondissement de Marseille, le projet tisse depuis 2015 des liens avec son environnement proche : les voisins, le quartier de l’Estaque, les quartiers Nord de Marseille et les structures satellitaires.

Les bâtiments regroupent les communs : liés à la vie collective : cuisine, terrasse, salon, four à pain, sanitaires, douches, potager, poulailler; liés à l’expérimentation artistique : un studio de danse, des ateliers d’artistes (poterie, peinture, sérigraphie, menuiserie, ferronnerie), un studio d’enregistrement, des locaux de travail; liés au territoire : une halle (accueillant des expositions, marchés, événements festifs), un café associatif, un théâtre, une cour avant, un four à pain.

En retrait, la carrière accueille une douzaine d’habitats légers, individuels, habités par des membres actifs qui restent ou se succèdent. Si le lieu est culturel, social et résidentiel, c’est aussi un manifeste contre une gentrification de la ville et pour une reconnaissance du statut d’artiste et de son droit à faire la ville. A la Déviation, on habite, on travaille et on reçoit, mettant en avant la propriété d’usage et le bien commun plutôt que la propriété individuelle.

Zoom
Zoom sur
La gouvernance du lieu

La notion de commun est au centre du projet. Les espaces privatifs réduits à la chambre. L’équilibre communautaire est constamment re-questionné, par le renouvellement des membres actifs et des pratiques artistiques déployées. Cela influe sur la programmation événementielle mais aussi sur le principe de gouvernance du lieu. Les outils de gestions numériques sont limités et le lieu devient le principal support de communication . Ici, « L’œuvre, c’est le lieu »., comme l’illustrent les tableaux collaboratifs ornant les murs des espaces communs. Chaque pôle est géré en binômes (référent/assistant) et se relais, afin d’éviter toute dépendance à un individu ou à une compétence et en s’auto-formant à la gestion du lieu. Le temps consacré est conséquent, mais doit garantir une prise de décisions collective et horizontale. La gestion des affaires courantes est traitée hebdomadairement, en même temps que les tâches ménagères. Les questions de fond sont gérées mensuellement afin de poursuivre l’écriture du projet et d’aborder les questions stratégiques : programmations, renouvellement des membres actifs et dynamique de vie du groupe. Le renouvellement des résidants se fait par cooptation, après une période d’adaptation. Des « voyageurs » peuvent occuper le lieu,  sous réserve de s’investir dans la vie du lieu (partage des tâches, actions artistiques, reporting…) et sur une durée limitée. Le mode de gouvernance devient une expérimentation démocratique et garantit les valeurs éthiques et artistiques du projet collectif, pour limiter les rapports de force liés à l’ancienneté ou la capacité financière des membres actifs.

Poursuivre avec :