on en parle
Art éphémère, marqueur de discrimination urbaine et sociale, le travail de JR met en œuvre une démarche qui « anthropomorphise » la ville : négociation et collaboration active avec les communautés sont les pierres d’angle d’un travail plastique où l’esthétique sert d’accroche au militant. Cette forme d’expression artistique urbaine s’inscrit dans des contextes politiquement tendus, suscite du débat et renouvèle les prises de paroles autour de la présence de l’humain sur l’espace public. JR a été récompensé en 2011 du « Ted Prize » pour son œuvre (prix remis à un individu portant une vision créative et globale sur le monde), lui permettant de mettre sur pied un projet d’art participatif d’envergure sous le label « Inside Out » (qui soutient et a initié des projets menés dans les favelas brésiliennes, ou encore sur le mur de séparation israélo-palestinien) et visant à l’éclosion de multiples initiatives à travers le monde.
Figure majeure de l’artivisme et adepte du collage photographique, JR installe des portraits et des regards d’inconnus au format surdimensionné sur les murs des villes, les toits des bidonvilles, les replis de la ville en transformation. Œuvrant dans l’illégalité et l’anonymat, l’artiste conçoit son action artistique avant tout comme un projet humain où sont amenées à collaborer les communautés locales, sujet même de son travail. Ses projets le mettront aux prises avec les réalités sociales et urbaines des territoires qu’il investit, pour en faire le « plus grand musée du monde » où l’art serait accessible à tous.
Premier projet labélisé Inside-Out (dans lequel JR s’engage à accompagner des projets artistiques et à fournir techniques et matériaux pour leur réalisation), Artocracie en Tunisie a été initié par Slim Zeghal et Marco Berrebie puis porté par six photographes tunisiens. Une fois n’est pas coutume, ce projet a mal été reçu. Investissant la ville, les places et les bâtiments abandonnés, les portraits et regards géants ont été déchirés par la population : ceux- ci rappelait l’observation permanente de l’ancien régime dictatorial. Au-delà de l’échec des collages, le projet a eu le mérite de stimuler artistiquement un débat renouvelé sur l’espace public et d’accompagner la transition politique du pays.