on en parle
Le dispositif scénique offre un cadre singulier à une tragédie classique, un réservoir d’énergie. Il témoigne du talent à écrire une oeuvre qui s’amplifie par l’aléatoire. Il illustre la notion de sérendipité, cette capacité à savoir accueillir l’imprévu et à l’utiliser comme principe actif de la création. De plus, sa porosité avec l’espace urbain lui impose d’intégrer les perturbations sonores de l’espace public, à l’adaptation de l’opéra.
Carmen – Opéra de Rue fait partie des pièces-maîtresses de la Compagnie Off, compagnie des arts de la rue fondée en 1986 par Philippe Freslon. Depuis trente ans, il crée des spectacles urbains empreints de puissance, inspirés du cirque et de l’opéra (la mort, la prouesse, le risque, etc.). Adaptation de l’opéra classique Carmen, cet opéra de rue met en scène des musiciens et chanteurs lyriques dans une arène métallique à ciel ouvert. Par ce dispositif scénique, la création organise les conditions de « frottement » fertile entre la musique écrite et les sons urbains. D’un diamètre de 20 mètres et d’une capacité d’accueil de 500 personnes, l’architecture éphémère qu’est l’arène fait événement en amont des représentations en se montant et se démontant sur une place publique à la manière d’un manège forain.
Sous la forme d’un conservatoire itinérant dans l’espace public qui accompagnait la diffusion internationale de « Carmen », le workshop invitait artistes et étudiants à un travail de repérage, puis au choix d’un site pour une expérimentation dans l’espace public. À Caracas, un bout de plage urbaine, envahi par les déchets, a été le lieu d’une performance engagée, où les participants étaient mis en situation d’offrir l’image d’une plage de rêve. Expérience marquante pour les artistes comme pour les riverains, elle a permis, à partir d’une action de sidération, l’évacuation d’une partie des déchets et de redéfinir le lieu.