on en parle
3615 Dakota s’intéresse à l’imaginaire et aux croyances collectives comme modes de construction du réel. Il révèle les fondations, structures, perspectives et architectures fictives et affectives de l’urbain, en creux des législations et de la matière.
3615 Dakota mobilise le performatif et une bonne dose d’humour pour enchanter des problématiques urbaines souvent pensées selon un point de vue techniciste, en témoigne son projet de création d’une religion participative et laïque pour re-ritualiser le rapport au Rhône.
Chaque performance ou installation est une mise en scène décalée qui place l’artiste en médiateur aux côtés du public, floutant les barrières usuelles de la scène comme de la fabrique de la ville.
[Une initiative rédigée par Arnaud Idelon]
“Quand j’étais petit j’avais un chien qui s’appelait Dakota et qui est mort écrasé par un Minitel”. C’est l’une des 365 définitions annuelles que donne Nicolas Chapoulier de 3615 Dakota. Cette aventure collective née de la compagnie Les Trois Points de Suspension est composée d’acteurs désireux de déployer leurs pratiques au-delà du champ culturel dans différents contextes. A Genève, par exemple, sur un chantier, des comédiens déclament l’intégrale de Shakespeare à des bétonneuses sous les yeux de milliers de curieux en casque de chantier. 3615 Dakota s’intéresse à la charge affective qui compose la réalité et propose des happenings, performances et autres formes hybrides situées. À la recherche d’une matérialité affective des lieux de vie, 3615 Dakota mobilise, autour de projets produits ou nés d’une commande, un collectif à géométrie variable en fonction des champs de compétence du projet en cours (plasticiens, journalistes, chercheurs, écrivains….)
Répondant à une commande du Maire de Genève dans un contexte de rénovation urbaine de la Place des Grottes, quartier populaire proche de la gare, 3615 Dakota propose une concertation alternative entre les partisans d’une nouvelle place publique et ceux attachés à la typologie de la place actuelle. Dans ce contexte de nœuds et de conflits, 3615 Dakota annonce la vente (fictive) de la place publique à la coupe. Le dispositif sème la pagaille jusqu’aux bureaux des élus, faisant émerger la question de l’espace public comme bricolage de croyances collectives, d’enjeux normatifs et juridiques et de tissus de récits et d’anecdotes que livrent les habitants venus acheter leur bout de place au pied de biche. La rumeur devient mythe, réapproprié par les usagers de la place, et la performance contribue à faire place publique.
