on en parle
L’Orfèvrerie incarne une initiative réussie de reconversion d’un bâti industriel ancré territorialement dans la morphologie urbaine, les usages et les mémoires locales. L’accueil sur le site d’artistes, d’artisans, de sociétés de productions audiovisuelles et de TPE (Très Petites Entreprises) entre en continuité avec ses activités productives, tout en révélant un écosystème de travail ancré territorialement et partiellement tourné vers le dehors par le biais de partenariats avec des structures locales et d’événements de diffusion à destination du territoire proche comme étendu. Expérience d’urbanisme transitoire, l’occupation temporaire préfigure les usages futurs du site qui pourrait se composer d’une programmation mixte de « village artisanal » à l’horizon 2024 et permettre d’installer de nombreux occupants dans le programme pérenne, ancrant la création artistique et culturelle au plus près du territoire de Saint-Denis, et en maillage avec les autres tiers-lieux, ateliers partagés et lieux intermédiaires du Grand Paris.
Une initiative rédigée en collaboration avec Cédric Crouzy, étudiant du Diplôme Universitaire Espaces communs (Yes we camp en partenariat Ancoats, CoDesign-It et l’Université Gustave Eiffel).
Construite en 1875 à Saint-Denis pour abriter les ateliers de la société Christofle, l’Orfèvrerie est un site industriel requalifié en ateliers artistiques et productifs. Elle s’étend sur plus de deux hectares de terrain dont 18400 m² de surface de plancher de bâtiments. Dès 1930, l’ensemble des ateliers de fabrication de l’entreprise sont regroupés dans ce village industriel, inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques et témoin de l’évolution des arts décoratifs et des traditions de la table. Délaissé en 2007 par Christofle mais partiellement occupée par des résidents historiques, l’Orfèvrerie est rachetée en 2016 par le promoteur immobilier Quartus, avec l’ambition de mener un projet de restauration et de restructuration avec le cabinet d’Alexandre Chemetoff & Associés. C’est à partir de 2018 que Quartus entame une démarche d’urbanisme transitoire par l’occupation temporaire de 3000 m² de bâtiment, en louant les espaces rénovés au travers de baux précaires. Le promoteur fait dans un premier temps appel à la société de conseil Manifesto, mandatée pour la direction artistique du projet de juin 2018 à janvier 2019. Il associe également la Belle Friche, à qui est délégué l’appel à résidences à destination d’artistes, d’artisans, de créateurs, d’agriculteurs et de cuisiniers désireux de s’inscrire dans ce projet de vie en collectivité.
Renouvelée à deux reprises, la démarche d’urbanisme temporaire est prolongée jusqu’en 2021. Le collectif Soukmachines, mobilisé depuis 2018, apporte son savoir-faire en gestion de lieux de résidence et de convivialité et investit, à partir de l’été 2019, près de 8 000 m² afin d’y installer de nouveaux résidents. Si le promoteur garde en gestion directe une partie de la location du site, notamment de grandes halles pour des tournages de films et d’émissions, l’Orfèvrerie est désormais cogérée par Quartus et Soukmachines et bénéficie d’une occupation à 90%.
L’objectif du promoteur, in fine, sera de revendre le site ou de trouver des investisseurs pour un projet qui intègrerait la mixité des activités artistiques et entrepreneuriales éprouvée durant de la période d’occupation temporaire, faisant de cette expérimentation une phase de préfiguration du programme à venir.
Soukmachines est une association co-créée par Yoann-Till Dimet (actuel directeur artistique) en 2005, qui favorise les échanges artistiques et promeut les artistes émergents au moyen d’événements pluridisciplinaires incluant concerts, projections, mapping, danse, exposition, théâtre… Le collectif investit différents lieux découverts au fil des rencontres tels que La Fonderie à Bagnolet, Le Labo Suzy à Montreuil, Le 6b à Saint-Denis, ou encore La Gare aux Gorilles et La Miroiterie à Paris. Squats artistiques, lieux intermédiaires, péniche ou encore métro, le collectif développe des projets dans des espaces urbains atypiques. Depuis 2015, Soukmachines a fait évoluer son projet vers l’occupation temporaire de lieux en friche en devenant le gestionnaire du Pavillon du Dr Pierre à Nanterre. Elle se positionne comme partenaire privilégié des collectivités territoriales, des propriétaires fonciers et des habitants. En créant les conditions d’accueil pour des résidences d’artistes et des entrepreneurs innovants, Soukmachines développe une nébuleuse attractive à l’échelle du territoire. L’équipe aux compétences professionnelles variées (administration, architecture, graphisme, communication, production…) est reconnue pour son expertise dans la gestion de lieux et d’événements culturels.