on en parle
La Ferme du Bonheur fait partie de ces lieux à contre-courant, engagé politiquement et posant les prémices d’une réflexion montante sur les territoires, à la croisée de disciplines et de domaines autour des arts, de l’écologie, la politique, la citoyenneté. Roger des Prés a construit un lieu de vie et de « résistance culturelle et citoyenne », où l’art et la culture sont les carburants intellectuels et financiers nécessaires pour développer une part d’utopie. Une nouvelle vision de la ville est défendue, notamment la prise en compte des délaissés urbains, comme champ des possibles et où un dessein collectif est à même de prendre corps et forme. Cette vision « agro-poétique », résolument à contre-courant, est réinsufflée dans divers projets, notamment métropolitains, et agit comme principe- actif d’initiatives innovantes.
Telle que la conçoit son fondateur, Roger des Prés, la Ferme du Bonheur est une « cellule de recherche et de réflexion sur l’Homme et la Terre qui promeut la culture sous toutes ses formes : théâtre, musique, danse, etc. » Installée sur l’axe de La Défense, entre l’autoroute A14, l’Université de Nanterre et des barres HLM, la Ferme du Bonheur est plurielle. Il y a bien sûr une ferme (avec ses enclos à bestiaux), des caravanes-bureaux et la Favela Théâtre (lieu réversible entre pratique théâtrale, bains turcs et déjeuners, qui se transforme quelques nuits par an en un lieu de soirées électro). Plus loin, dans l’axe, le « Champ de la Garde » sur le « PRE » (Parc Rural Expérimental), où l’on teste les dernières techniques de permaculture entre jardiniers et écologues, et où l’on mène sans vergogne les moutons en transhumance depuis le quartier d’affaires de La Défense.
En 2014, dans le cadre des réflexions menées autour de la construction métropolitaine parisienne, Roger des Prés et l’architecte Andrei Ferraru ont imaginé ensemble un projet pour le Grand Paris autour de la notion d’agropoésie. Dans l’esprit de La Ferme du Bonheur, lieu de liberté et d’expérimentations. installé dans un délaissé urbain, la métropole a besoin de ces fragments d’utopie où un autre rapport à l’environnement et à l’écologie est à imaginer, pour en faire un projet citoyen et responsable avant une construction politique et administrative.