on en parle
Alors que le modèle associatif est répandu dans le secteur culturel, la friche La Belle de Mai s’est dotée d’un mode de gestion alternatif encore peu répandu : la SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif). À la fois outil partagé et modèle économique fort, il assoit la gouvernance du projet et engage une multiplicité d’acteurs (publics et privés) qui deviennent autant de partenaires et de financeurs. La Belle de Mai dispose d’un modèle culturo-économique adapté à son ambition d’articuler un projet artistique et culturel à des échelles et des enjeux diversifiés. À l’échelle métropolitaine et internationale, la Belle de Mai a su consolider en 2013 son identification du grand public grâce à des aménagements d’envergures (espaces d’exposition et lieux de vie extérieurs) qui ont accueilli une programmation riche et en accord avec la temporalité culturelle de la Ville de Marseille, alors capitale européenne de la culture. L’usage local constitue un défi quotidien pour le projet. La collaboration au sein de l’assemblée générale de la SCIC entre équipe de gestion, financeurs et acteurs locaux a abouti à l’émergence de divers équipements de proximité (crèche, terrain de sport, lieux de vie ouverts). Ces équipement ont grandement participé à l’actuelle croissance des usages fait par les riverains sur le site.
Lieu de création et d’expérimentation issu de la réhabilitation de l’usine de la Seita, la Friche la Belle de Mai constitue un espace de travail de 45 000 m2 pour près de soixante-dix structures résidentes (400 artistes), un lieu de diffusion artistique et un espace de vie (450 000 visiteurs par an).
En 1992, sous l’impulsion de la ville de Marseille, la compagnie Système Friche Théâtre investit l’ancienne manufacture des tabacs pour la transformer en village de créateurs. Fabrique d’art et de culture pluridisciplinaire et plurifonctionnelle, la friche La Belle de Mai accompagne des artistes et développe des dispositifs d’accueil qui permettent à des producteurs artistiques de porter des projets. Elle favorise l’expérimentation urbaine et architecturale par la conception de projets d’habitations participatives et la végétalisation de l’espace urbain (jardins partagés et place paysagée). La friche La Belle de Mai cultive un ancrage avec son territoire de proximité (quartier, ville) tout en affirmant son empreinte à une plus vaste échelle (métropole, international), affirmant le rôle de la culture comme composante du développement urbain, économique et sociale.
En 2007, la friche La Belle de Mai a amplifié ses actions à l’échelle urbaine et métropolitaine en passant d’un statut associatif à une forme privée et d’intérêt public : la Société Coopérative d’Intérêt Collectif au capital variable. Adapté à des projets répondant à des besoins collectifs, le statut de SCIC a été adopté par la Friche, et la première présidence a été assurée par Patrick Bouchain. L’objectif a été de d’asseoir non pas un équipement mais un territoire d’implantation, en répondant au mieux aux enjeux de décentralisation et d’intercommunalité. La structure est administrée par un conseil d’administration des acteurs publics et privés (usagers du site, artistes, opérateurs et institutions) et gérée par une assemblée générale, composée d’une quarantaine d’associés répartis en trois collèges (contributeurs, gestion et développement, proximité).